Bienvenue à Walschbronn

Le moulin communal et le foulant à draps

En longeant le Schwarzbach grossi des eaux du ruisseau d'Eppenbrunn et la route menant depuis Walschbronn à Waldhouse, sur la droite à la sortie du centre-village, au N°101, une maison rectangulaire traditionnelle avec ses fenêtres cintrées en grès ne garde plus du vieux moulin que l'emplacement de l'ancien canal aujourd'hui asséché avec le soutènement en arc de cercle à l'entrée du bâtiment faisant la ventillerie de tête d'eau. Son appartenance à l'abbaye de Sturzelbronn est rappelée dans le fronton de la porte d'entrée et par une borne aux armes de l'abbaye, au pied de l'établissement.

Le moulin de Walschbronn entre les deux guerres
Le moulin de Walschbronn entre les deux guerres.

Les origines du moulin

En 1196 Frédéric, seigneur de Bitche, donne la paroisse de Walschbronn avec toutes ses dépendances à l'abbaye de Sturzelbronn qui reçoit en août 1244 du comte Reinhard de Castel, seigneur de Bitche avec l'accord de son épouse Elise et du duc Matthieu de Lorraine son frère, le moulin à deux tournants avec droit de banalité sur Walschbronn, Steinhausen, Kröppen, Stautstein et Hergradwyler, grange et écurie avec des terres pour trente livres de Metz, sous réserve du consentement de ses fils. Ces communes devaient entretenir à leurs frais le système hydraulique (construction et écoulement de l'eau) et désormais elles peuvent faire moudre le grain ailleurs si elles doivent attendre en vain un jour et une nuit.

Le moulin devient propriété de l'abbaye de Sturzelbronn

Conrad de Walschbronn, Schultheis de Bitche, qui avait construit illégalement au préjudice de la banalité et longtemps utilisé un moulin à Walschbronn, malgré l'accord conclu avec l'abbaye, reconnaît à Bitche le 25 mars 1296 « enfin ses torts » et fait don à l'abbaye du dit moulin destiné à la destruction « à titre d'expiation » en présence de son confesseur, Gottfried, dominicain à Metz et de ses frères Charles, chanoine de Saint-Fabien à Hornbach et Thédorich qui détenait une part du moulin, également cédée.

Le comte Frédéric de Deux-Ponts et seigneur de Bitche rend le jeudi après la Visitation de la Vierge 1467 une décision d'arbitrage dans le différend qui oppose l'abbé Pierre et son successeur Diebold aux usagers du moulin banal de Walschbronn en déclarant que l'installation hydraulique du moulin devait être à la charge du monastère, celui-ci n'ayant pas défrayé les paysans du moulin pour l'achèvement de la construction qui avait été entrepris sur les ordres de l'abbé et du comte. Que par ailleurs, il serait prélevé un sester sur un muid, un demi sester sur un demi-muid et un quart de sester sur un quart de muid, lesquels, contrairement à ce que demandaient les paysans ne seraient pas considérés comme nuls, mais vendus, ces trois mesures devant être disponibles. Qu'entre la meule et les archures, il ne devait y avoir que l'intervalle d'un pouce à la partie avant. Enfin, que le meunier dont les paysans avaient demandé que son épouse soit exclue du moulin ne pourrait y élever ni poules, ni cochons.

Simon Wecker, comte de Deux-Ponts, seigneur de Bitche, règle le mercredi après la saint André 1539 le différend concernant le système hydraulique dont l'arrangement de 1467 n'avait été que provisoire et qui vient de refaire surface à propos du moulin banal en décidant que le système d'écoulement de l'eau serait réalisé par l'abbaye mais que les paysans usagers du moulin devraient fournir et amener le bois nécessaire à cet effet à la commune de Walschbronn. Que par ailleurs la sentence arbitrale de 1467 restait toujours valable, que les chemins pour Walschbronn seraient remis en état et que d'éventuels problèmes entre le meunier (Jacques Müller ?) et les paysans utilisateurs seraient réglés par l'économe du monastère et le bailli de Bitche.

Dans la déclaration des habitants de la commune de 1585 (37 familles) est cité Jorich Miller et en 1593 (36 familles), un dénommé Geörg Vogel, meunier.

Le moulin après la guerre de trente ans

Le premier meunier connu après la guerre de trente ans est Philippe Wexel en 1702, originaire de Bavière. Jean Wendel Schabron, fils d'un meunier de Hilst y est présent l'année suivante. Il est poursuivi le 26 janvier 1715 par Jean Pierre Beckrich, meunier à Erching pour lui payer 82 livres à savoir : six livres pour deux fasses de pois, dix livres pour un moulin à nettoyer les grains, soixante livres pour la cession du bail du moulin de Bitche et six livres de discrétions pour avoir travaillé lors de son mariage.

Puis s'installe dans l'établissement Pierre Dubernel de 1716 à 1720 avant qu'il n'acense le moulin d'Eguelshardt. L'abbaye continue ensuite de louer ce moulin jusqu'à la révolution ; que l'atlas topographique du comté de Bitche de 1758 représente comme un bâtiment rectangulaire longeant le canal sur sa droite en allant vers Waldhouse, avec un bâtiment agricole joint, au canton dit Imbrühl à près de cent mètres du village à : Jean Ulrich Muller 1724-1757, Benedic Feit 1756-1763, Jean Adam Hener 1752-1779 et Claude Helfrig 1779-1791.

Le moulin après la révolution française

Rattaché au domaine comme bien national, il est racheté le 5 mai 1791 par Pierre Sinning, charpentier de la commune, contre 9 600 livres mais celui-ci s'en sépare rapidement.

Daniel Huber (+ 01/12/1820) occupent l'établissement, loué par les héritiers de 1821 à 1832 à Chrétien Lehman puis Georges Deutscher puis cédé en 1834 à Henry von Huben (13 messidor an 7 / 29/04/1836).

Joseph Weber rachète le 30 mars 1837 le moulin à farine à deux tournants, grange, distillerie et écurie, cour et jardin au canton dit Walschbronner Muhle, à la veuve von Huben et sa fille mineure Marie. Il répare la même année les vannes établies en 1809, installe ensuite un troisième tournant pour l'huilerie et y fait faire diverses réparations par Jean Sefrin, charpentier de Vinzeln.

Courrier de la Moselle le 18/02/1837
Courrier de la Moselle le 18/02/1837.

Le moulin présente alors un aspect complètement transformé, proche de son apparence actuelle. Un grand bâtiment de 38 mètres de long sur 12 mètres de large comprend le moulin, la maison d'habitation et la grange. Le bief dont la dérivation est largement réduite par rapport au plan de 1758 longe les écuries, continue sous le pont et sous le bâtiment.

Suite à une pétition de vingt et un propriétaires, la mairie signale à la sous-préfecture en 1850 que le nouveau propriétaire de l'usine à trois roues prises de côté (diamètre de 4,15 m, 4,22 m et 4,40 m et largeur de 61 cm, 64 cm et 61 cm), Pierre Greff de Neunkirch, depuis l'adjudication du 18 mars 1844, possède un réservoir trop élevé attendu « qu'autrefois il n'y avait pas d'eau stagnante dans le village qui cause une corruption d'air et qui sont d'autant plus nuisible lors des inondations qui sont fréquentes et qui endommage les fontaines, habitations, caves et jardins, cause maladie, incommode la circulation à cause de la glace en hiver ». Aussi le 17 mai 1852, lui est-il prescrit la construction d'un déversoir de superficie de sept mètres de long, plus une paire de vannes de retenue du canal d'irrigation de 2,51 m de large et 1,05 m de haut, une paire de vannes de retenue d'eau du canal d'alimentation de 3,09 m sur 1,15 m de hauteur et un ensemble de trois vannes motrices de 1,06 m, 1,15 m et 62 cm de large. Les habitants demandent encore le 29 février 1860 au sous-préfet la permission de creuser un nouveau canal d'amenée au moulin, mais neuf propriétaires s'y opposent et la mairie est d'avis que l'administration préfectorale effectue l'arbitrage. Une réponse indique qu'il n'y a pas lieu de donner suite à la demande relative à la dérivation du canal d'amenée en raison de ces oppositions. Le moulin est mis dès 1846 en location.

Courrier de la Moselle le 01/10/1846
Courrier de la Moselle le 01/10/1846.

En 1857, Jacques Conrad (26/10/1823 / 08/03/1898) puis son gendre Michel Krieg (20/07/1847 / 08/08/1918) reprennent l'usine réglementée le 9 mars 1864 et cédée à Aloyse Krieg en juillet 1911.

Un fait divers au moulin au début du 20e siècle

Le Lorrain le 28/01/1901
Le Lorrain le 28/01/1901.

Adjudication forcée après la première guerre mondiale

Le 17 mai 1926, suite à une adjudication forcée, Joseph et Nicolas Huber de la Ziegelhutte rachètent le moulin à farine contre 54 000 marks - muni d'une seule roue hydraulique de deux mètres de rayon remplacée suite à plusieurs demandes d'autorisation en décembre 1927 par une turbine Francis avec une chute d'eau de 2m20 et un volume d'eau moteur de 250 litres par seconde sur un débit moyen d'eau du ruisseau de 350 litres, une puissance de 5,5 chevaux et un rendement de 75 % - géré par Jean Henner. Les nouveaux propriétaires souhaitent construire pour une usine électrique pour le village.

Dès le 4 juin 1926, Nicolas Huber (18/05/1888 / 26/06/1962) demande l'autorisation de pouvoir reconstruire le déversoir en ruine et de rehausser en même temps le niveau légal de la retenue du canal. Une nouvelle écluse est construite en 1928 et un rehaussement de dix centimètres est autorisé le 3 mars 1936.

Le 20 juin 1934, le moulin est saisi par le tribunal de Bitche et vendu le 6 décembre suivant à Nicolas Roth (18/09/1890 / 23/07/1945) contre 45 000 francs et à partir de 1936 à Wendel Roth (30/06/1910 / 13/08/1983). La capacité d'écrasement est alors de six quintaux de blé par jour et de 700 quintaux par an. La force motrice normalement employée est obtenue par l'eau soit près de dix chevaux et un moteur à gasoil de type Lanz de dix chevaux, et la force de secours par un moteur à gaz pauvre de type Swidersky de quinze chevaux et un moteur à gasoil. La turbine de marque Schneider-Jacquet est mise en fonction par une chute d'eau de 2,2 m et un débit de 250 litres par seconde. Concernant les appareils de mouture, on y trouve toujours deux paires de meules de 1200 mm de diamètre avec une vitesse de 135 tours et une paire d'appareils à cylindres pour le broyage de 260 tours par minute, un diamètre de 300 mm pour les rouleaux et une longueur travaillante de 60 cm. Le blutage s'effectue par plansichters à savoir onze tamis de 1,6 m de long et 50 cm de large et une vitesse de 190 tours.

Le matériel pillé pendant la seconde guerre mondiale

Ce matériel est subtilisé pendant la seconde guerre mondiale et seul le matériel servant à scier le bois est rendu après le conflit. Le moulin ne fonctionne plus depuis environ 1955 mais des litiges subsistent en 1960 et 1982 concernant le curage du ruisseau et le canal du moulin.

Le foulant à draps

On cite encore, au-dessous de Walschbronn, sans doute sur le Schwarzbach, un foulant à draps attesté en 1621, chargé d'un cens d'un franc qui « est de longues années Ruyné (1680) » et appartenant à Humbert le fils de Gaspard Wecker.